Mon banquier a une physionomie affable.
Un sourire jovial… et une tasse de café froid ne quittent jamais son bureau.
La panique des jours de guerre me permis de m’affoler un peu… et de demander à retirer mes crédits de la banque.
La discussion commença avec l’agent de service qui s’occupe de moi d’habitude.
… et de mon misérable compte bancaire.
Aujourd’hui… deux semaines après le début des bombardements… au premier signal d’alarme de ma part, on me passa tout de suite le directeur de la banque.
Celui-là même qui le mois passé se faisait prendre des rendez-vous par semaine d’avance.
La situation le permettant… je passe à l’offensive.
Je déclare vouloir fermer mon crédit et quitter le pays.
Là s’abattit sur moi… une pluie d’optimisme.
Elle se voulait rassurante.
Cette fois… c’est la dernière guerre.
Tu verras… il va y avoir beaucoup à reconstruire… du travail pour tous.
Tu sais… on a passé trente ans de guerre… comme ça à tout refaire.
Moi je n’ai pas votre persévérance… je veux partir.
Je ne veux plus perdre mon énergie dans ce pays où tout est instable… périssable et si chétif.
C’est la loi de la nature… à la libanaise.
C’est le Liban… on l’aime pour ça.
Le cycle éternel du renouvellement.
Il ne faut pas partir… on a besoin de vous ici.
Regarde nous… on est là depuis une éternité… et on reste.
Nous les jeunes… on n’a vraiment plus envie de rester.
On veut voir le résultat de nos efforts… les perspectives de nos croyances.
La discussion dura plus longtemps qu’un temps de paix.
Dans ce pays où la parole est tout ce qui reste…
Où un financier vous parle de sentimentalisme absurde…
Où le soleil rayonne presque toute l’année…
Où les bombes pleuvent presque chaque été… à chaque semblant d’espoir.
Le mensonge continue.
La famille de mon banquier vit à paris… sa fille travaille à New York… et son fils aîné à Dubaï.
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